Sibylline

(underco!)

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Il arrive parfois quelques curiosités de la nature. Pourrions-nous seulement dire que des jumeaux en font partie ? Etait-ce seulement possible, en ce monde impitoyable, où chaque être semblait risquer sa vie à chaque pas ? La Famille Arcara n’était pas de cet avis. Et pourtant. L’impossible s’était présenté à leurs yeux. Deux petits Tarsal, un male et une femelle. Suite à cette étrangeté, cette nouvelle ayant surpris bon nombre des membres de la petite organisation que ces Helmiens menaient depuis un certain temps, on décida de nommer les deux nouveaux nés Sibyllin et Sibylline. Ils n’eurent, comme tout les enfants de la famille, aucun droit à de quelconques festivités. On les laissa dans un coin. A vrai dire, il avait été envisagé d’achever la femelle, ce genre n’étant pas apprécié, et surtout trop nombreux dans la famille. C’était ainsi. Mais alors que la lame de la mère, la propre génitrice de l’innocente enfant, allait s’abattre sur celle-ci, le jeune frère, instinctivement, se plaça entre les deux. Il s’en fallut de peu pour qu’il arrive un accident. La réaction de surprise fut générale. Les deux juments jumeaux se blottirent tout deux, émettant de légers cris. Suite à une longue – effectivement très longue – discussion, on décida de garder les deux Tarsal, à la condition que le male serait séparé de sa sœur. Mieux valait éviter une petite rébellion.

A vrai dire, la politique de la Famille Arcara était un surprenant mélange entre l’entraide et la débrouille. Chacun devait trouver les moyens de se sortir du moindre problème, et ce, dès son plus jeune âge. La survie, était essentielle, mais un autre point également : l’argent. Oui, la monnaie, le son des pièces sonnaient comme un doux carillon pour l’ensemble des membres de la maisonnée. Pouvait-on leur en vouloir, en « bons » mercenaires qu’ils étaient ? Pour cela, peut être pas. Mais pour l’éducation – entre autres – des apprentis (Les jeunes de moins de 16 ans), c’était une autre chose. Discipline. Obéissance. Soumission. Il ne devait y avoir aucune protestation, aucune demande, aucun ordre à donner à un ainé . C’était le silence, ou bien la gifle, dans le meilleur des cas. La plupart des jeunes mourraient rapidement, si bien que l’on ne donnait pas cher de la peau des fragiles jumeaux. On pariait même sur leur durée de vie. Mais non ! Sibyllin, et Sibylline, tels les albatros dans la tempête, résistaient tant bien que mal. Plutôt bien, même. Indissociables, unis, ils affrontaient leur famille sans peur, sans danger. L’un et l’autre, ils constituaient un équilibre parfait.

Sibyllin avait toujours été le plus froid et le plus réfléchit des deux. Posé, silencieux, il demeurait, certes, un mercenaire dans l’âme, mais avec un certain sens de la justice toutefois – du moins envers sa sœur, qu’il protégeait très souvent, et qu’il sortait régulièrement de nombreux problèmes. Sibyllin avait toujours eu cette mentalité, cette capacité à raisonner avec un calme impressionnant. Il était l’hiver, camouflant le désert ardent de sa neige. Oh, Sibyllin pouvait parfois se montrer agressif, certes, mais pour cela, il fallait le passer à bout, et fort. Résistant de nature, il aimait se battre, demeurait un tantinet fier, avec un panache, une allure imposant le respect au fil du temps, ceci également lorsqu’il demeurait un jeune Tarsal, puis un Kirlia. Mais surtout, il excellait au maniement des dagues. Enfant redoutablement doué, à la parole mordante, tranchante, presque autant que ses deux lames avec lesquelles il jouait à merveille, Sibyllin était un battant. Un guerrier. Il ne renonçait pour rien au monde, et était prêt à se prendre des gifles, encore et encore, pour prouver ses paroles véridiques. Ses rares mots bienveillants allaient à la rencontre de sa jumelle – et ici encore, ils demeuraient pauvres de vocabulaire. Jumelle qu’il appréciait, mais surveillait, corrigeait et éduquait. A défaut d’avoir des parents sérieux avec qui apprendre la vie.

La vie des jumeaux demeurait difficile. Régulièrement battus, insultés, maltraités, tout deux aspiraient à une vie meilleure. Une vie avec une belle maison, un beau jardin, de la nourriture et boisson à foison. Tout deux n’envisageaient guère de se séparer. Après tout, Sibyllin avait sauvé de peu sa jeune sœur à leur naissance. Ce n’était pas pour autant que Sibylline avait mené une vie sure. Femelle de son état, elle était assignées aux plus indignes taches, traitée des pires bassesses. Seul son grand père l’appréciait, lui tapotait gentiment la tête avec un « Mignonne Gamine ».

Sibylline, à l’instar de Sibyllin, bouillonnait d’énergie et de verve. Elle ne pouvait rester tranquille, gardait mille idées, plans farfelus en son esprit troublé et « pareil à un volcan bouché » selon son frère. Elle était la grâce et la joie, le petit rossignol venant essayer d’égayer un rassemblement de corbeaux. L’enfant ayant le bonheur et la vie entre ses mains. Un petit rayon de soleil. A ses neuf ans, son grand père, Forgeron aux Forges Rubis, décida de lui offrir une lance spéciale. Sa particularité résidait en la présence de deux lames recourbées à ses extrémités. Le bois de chêne incrusté de pierres rougeoyantes, c’était là un cadeau dont la petite Kirlia ne saisit pas tout de suite l’importance. Ce fut à cette époque là que Sibyllin reçu ses deux lames – il en fut d’ailleurs ravi. Sibylline, depuis ce jour, tentait désespérément de soulever la lance, sans succès. Fondant en pleurs, tapant du pied, elle termina par se prendre une certaine correction de la part de son père. Enfant incapable. Morveuse. Petite chialeuse de première. Et d’autres insultes du genre. Sibylline n’en pouvait plus. Elle hurla en pleurs, déclarant que son père n’était qu’un sans cœur, un ivrogne, un vaurien. Evidemment, la réaction ne se fit pas attendre.

Et avant même que les coups ne déferlent dans la maisonnée, Sibyllin et Sibylline se trouvaient seuls dans les rues de Larkos.

Dès lors, leur vie se compliqua, se resserra tel un étau. Il leur fallait survivre, désormais trouver leur pitance, un abri pour dormir. La pluie tombait dru. Et ce fut ce jour là, que Sibylline s’assombrit définitivement, au grand désespoir de son frère, qui, pour une fois, tenta tant bien que mal de la consoler, de la rassurer. En vain. Sibylline gardait le silence, trainant sa lance tel un trophée de guerre. Sibyllin, lui, se referma, et décida de prendre les choses en main. Il le fallait, pour leur bien. Tout deux ne souhaitaient pas mourir. Malgré leur enfance, à peine vécue, les jumeaux avaient appris bien des tactiques et techniques. Ils furent très vite connus dans Larkos pour de petits méfaits, des vols, ou des agressions. Envers des jeunes Helmiens, bien évidemment. Cependant, très vite, Sibyllin et Sibylline comprirent que leur destinée – ou leur voie, appelons là ainsi – se trouvait dans les racines même de leurs origines. Ils étaient mercenaires dans l’âme, et se devaient d’exploiter ce potentiel. Très vite, les spécificités se firent. Sibyllin était bagarreur et survivaliste. Sibylline était discrète et attentive. On décida donc que le premier serait chasseur de primes, et la seconde, espionne. Les deux jumeaux, pareils à des ombres, agissaient. Les débuts furent difficiles. On n’aimait pas les jeunots sans expérience. Mais entre la rugosité de Sibyllin, et la froideur de Sibylline, le Gallame et la Gardevoir se firent petit à petit une place dans le monde des Mercenaires. Petit à petit, la fortune se construisait. L’identité se faisait, s’effaçait. C’était comme si le frère et la sœur se redécouvraient chacun de leur coté. Peut être ce fut cela, qui causa cet évènement, un soir.

« Car tout le monde le sait, les chemins se croisent, et se décroisent… On chemine ensemble, puis on se sépare… Hein, Sibyllin ? »

Pseudonyme : Siby ça ira.
Mot de Passe : uc
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